Conférence par Akira Mizubayashi - "Vivre en étranger dans sa langue, construire d’autres mondes par une langue qui n’est pas la sienne"
"A la suite de deux rencontres qui relèvent du hasard, j’ai publié en 2011 mon premier livre en français intitulé Une langue venue d’ailleurs (col. « L’un est l’autre », Gallimard). Il se trouve que c’est aussi l’année de la catastrophe de Fukushima. Depuis cette date, j’écris essentiellement en français. Est-ce un exil ? Je l’ignore. Le travail d’écriture en français constitue-t-il un refuge ? Je n’en suis pas sûr. Pourquoi écris-je dans une langue qui n’est pas originellement la mienne ? Beaucoup d’écrivains français ou francophones d’origine étrangère habitent dans l’espace francophone. On les appelle, paraît-il, écrivains allophones. Or je ne suis pas un écrivain allophone. Un écrivain
allophone est un écrivain dont la langue maternelle ne correspond pas à la langue du pays qu’il habite. Je vis et travaille à Tokyo où l’on parle japonais, ma langue de naissance. Pourquoi écris-je en français alors que je vis dans un pays qui n’a pas cette langue en partage ? Ma causerie tournera autour de cette question lancinante."